Cette semaine : l'IA est déjà partout et la transformation des médias sociaux continue...
Réglementer l'IA? Vivre son quotidien avec l'IA... Payer ou pas pour les réseaux sociaux?
Pour que l’IA travaille pour les Américains
Il s’agit là de ma traduction du titre de l’itiative américaine pour mieux encadrer l’IA : Making AI Work for Amercains.
La Maison Blanche lance donc AI.gov, un site Web sur les efforts du gouvernement fédéral en matière d'IA et offrant des ressources aux chercheurs et au public. AI.gov sera une ressource centralisée sur l’IA pour les normes de sécurité, l'orientation en matière de droits civils, la recherche et la collaboration avec le milieu universitaire, l'industrie et la société civile.
Le site est accompagné d’un décret intitulé, Executive Order on the Safe, Secure, and Trustworthy Development and Use of Artificial Intelligence, publié sur le site de la Maison Blanche.
En le lisant, vous constaterez que plusieurs des principes énoncés sont près de la déclaration de Montréal. Mais pour en faire un décret, chacun des articles est accompagné des mesures qui seront développées et implantées par les entités responsables pour garantir le respect desdits principes.
Par exemple, article 4.5 sur la réduction des risques reliés aux contenus synthétiques, le Secrétaire du Commerce devra soumettre au terme de 240 jours, un rapport identifiant les standards, les outils et les méthodes (allez le lire, je raccourcis ici) pour, entre autres,
authentifier la provenances des contenus;
étiqueter les contenus synthétiques avec un filigrane (watermarking).
Souvent en parallèle ou à la suite des États-Unis, le Canada a réglementé certains aspects des technologies. Pensons au Computer Fraud and Abuse Act (dévoilé en 1984, puis finalisée en 1986) et les dispositions équivalentes au Canada. En sera-t-il de même cette fois-ci?
Article de Venture Beat pour un résumé du dossier accompagné d’une vidéo de l’annonce présidentielle.
Partagez les bonnes nouvelles ;-)
Vivre son quotidien en compagnie de l’IA
Vous le savez peut-être déjà, mais pas besoin d’avoir un robot domestique qui fait la cuisine comme dans le film Big Bug pour avoir des intelligences artificielles qui agissent dans notre quotidien.
Cet amusant article du Guardian propose une incursion dans la journée d’une femme, de son réveil par son téléphone, qu’elle déverouille grâce à la reconnaissance faciale, en passant par son travail dans le milieu de santé qui se trouve facilité par l’utilisation de l’IA. Faites l’exercice après la lecture et vous verrez que l’IA est déjà dans une grande partie de vos activités quotidiennes.
Quand vous parlez à Siri (Apple) ou interagissez avec votre Google Home, vous utilisez un AVI (assistant vocal intelligent). Héhé, ils sont partout!
Pour lire l’article du Guardian, A day in the life of AI.
À méditer : un monde sans friction, sans le stress des rapports humains
Sherry Turkle disait judicieusement dans une entrevue de 2018 à propos de son livre Alone Together (2017), Seuls Ensemble en vf :
«Les technologues ont, par exemple, imaginé que l’Internet des objets allait nous faire entrer dans un monde où il serait possible d’éviter toutes les situations stressantes. Selon un scénario récurrent, on pourra par exemple, dans un futur proche, commander à distance, dans son café préféré, une boisson sur mesure et en allant la chercher, grâce à une appli sur le téléphone, on fera un détour pour éviter de rencontrer une ancienne copine et l’appli fera en sorte qu’on ne croise que des amis. Que le corps se déplace dans un espace non conflictuel : voilà toute la séduction de l’idéologie technocratique du non-frictionnel. Cette vision nous séduit en nous convainquant qu’une existence sans conflit, sans confrontation avec le passé, sans rencontre avec des gens pénibles est la vie qu’il nous faut.»
Chère Sherry Turkle dans Alone Together aborde aussi nos échanges avec des robots thérapeutes (Woebot est encore sur Facebook pour les intéressés).
Avouez que cela a de quoi nous faire réfléchir au-x monde-s que nous construisons.
Métier ingénieur de prompts : devenir dompteuse ou dompteur de chatbot
Alors qu’il y a encore des utilisateurs des moteurs de recherche qui peinent à trouver comment faire une recherche efficace sur Google (par ici si c’est votre cas), une nouvelle compétence émerge : parler aux chatbots avec les bons mots.
Ne soyez pas inquiets, des guides pour mieux chatouiller les chatbots émergent de partout et pour l’instant, c’est gratuit.
Alors, parlez-vous le prompt?
Allez visitez la page de ce guide pour devenir un-e pro.
Est-ce la fin des réseaux sociaux gratuits pour les usagers?
En Europe, une version payante sans publicité de Facebook et Instagram
Quelques mois après avoir acheté Twitter, Musk démocratisait censément le crochet bleu, gage de crédibilité, en l’offrant à tous pour un tarif mensuel. Or, voilà que Facebook (maintenant sous la coupe de Meta) se lance aussi dans l’abonnement payant.
C’est toute une rupture de ton, pour ce réseau depuis presque ses débuts avait en page d’accueil cette petite note :
Freemium vs Premium
Or l’abonnement payant sans publicités pour Facebook et Instagram sera déployé d’ici quelques semaines en Europe. En contre-partie, pour les 18 ans et moins, cela reste gratuit et sans publicité. Donc, Meta refile la facture des revenus publicitaires perdus pour les 13-18 ans aux usagers adultes. Cela en fait aussi un service avec option «freemium» ou «premium».
Il faut comprendre que le Réglement général sur la protection des données personnelles qui est entré en vigueur en mai 2018 a fait damner Facebook-Meta sur plus d’un point. Faut-il le rappeler, mais le trimestre suivant Facebook accusait un baisse de profits, ce que même nos boycotts les plus sentis n’ont jamais accomplis.
Meta en plus d’avoir annoncé le retrait des hyperliens provenant des médias d’information, au Canada en raison de C-18, puis en Europe, semble ici se redéfinir comme en espace privé (il l’a toujours été implicitement).
Pour lire l’article complet : Ad-Free Facebook and Instagram
BeReal en chute libre…
Mais qui aime vraiment se faire donner des ordres par un réseau social?
Créé en 2020, alors que nous avions tout notre temps pour tester de nouvelles avenues numériques, en octobre 2022 le réseau dépassait les 50 millions de téchargements. La proposition était audacieuse : publier des photos de soi en contexte, sans préparation, sans filtre et complètement improvisées, ce au contraire du réseau Intagram.
Élément nouveau : les caméras avant et arrière étaient activées par l’application, créant une photo du contexte et de l’auteur en mortaise. Un selfie en contexte pourrait-on dire.
Depuis 2023, des firmes comme Apptopia affirment que c’est le déclin pour BeReal. Des 15 millions d’utilisateurs quotidiens qui jouaient le jeu des deux minutes en 2022, il n’en resterait même pas la moitié.
L’intrusion au nom de l’authenticité
Pour participer, il faut publier son image en moins de deux minutes. Et devinez quoi? Se faire donner des ordres de publier des contenus, ce n’est pas la tasse de thé de plusieurs (on dit des GenZ, mais franchement je suis une X et ça m’agace aussi).
Il faut dire que les plaisanteries n’ont pas cessé de fuser sur les circonstances au mieux comiques, au pire sans intérêt, que ces photos impromptues ont créées. Cela a même enrichi la culture du mème d’une nouvelle catégorie le #BeReal.
À-propos de ce réseau qui veut nous voir sans artifice, Le Monde a dit en 2021 que «c’est l’Instagram de la vie moche»… Mais ça ne s’arrête pas là.
Répondre à une commande téléphonique? Arrrk!
Dans un article de Dazed Digital, on explique ainsi la baisse d’intérêt pour BeReal :
« Le Dr Harry Dyer, sociologue numérique et chargé de cours en éducation à l'Université d'East Anglia, remarque qu'en pressant les gens de publier, BeReal stresse ses utilisateurs, en particulier la génération Z. "Une tonne de recherches sur la génération Z confirme qu'ils détestent les appels téléphoniques", parce qu'ils trouvent "que répondre immédiatement [...] est stressant". BeReal, dit-il, peut déclencher une réponse similaire, puisqu'on demande une réponse immédiate. Il croit également qu'en "limitant" (gatekeeping) l'expérience de navigation jusqu'à ce que les utilisateurs aient eux-mêmes publié, l'application néglige "une partie vraiment importante dans notre usage des médias sociaux" - le désir de voyeurisme, soit d'observer les autres tout en restant invisibles. » (traduit par l'autrice et un peu d'IA)
L’autrice de l’article, Amelia Strout, se demande si BeReal ne se retrouvera pas bientôt dans le cimetière des applications censément vertueuses. Car en essayant de prescrire aux utilisateurs ce qu’est l’authenticité, on leur a probablement rappelé que définir ce concept était plus complexe que de publier une photo sur demande, en moins de deux minutes.
Pour lire l’article au complet (vous pouvez prendre plus que deux minutes) et même réfléchir, puis partager le contenu.